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vais traitements l’avocat de la partie adverse, s’il ne faisait pas relûcher Balsamo sur-le-champ. L’avocat s’y refusant, il le saisit, le frappa, le jeta par terre, le foula aux pieds, et l’on avait beaucoup de peine à l’empêcher de pousser plus loin ses violences, quand le président accourut lui-même au bruit et ordonna la paix. Ce magistrat, homme faible et dépendant, n’osa pas punir l’offenseur ; la partie adverse et son avocat perdirent courage, et Balsamo fut mis en liberté, sans qu’il se trouve dans les actes aucune mention de son élargissement, ni de la personne qui l’a ordonné, ni de la manière dont il s’est accompli. Bientôt après il s’éloigna de Palerme, et fit différents voyages, sur lesquels l’auteur du mémoire n’a pu donner que des renseignements incomplets. Le mémoire se termine par une démonstration ingénieuse que Cagliostro et Balsamo sont une seule et même personne, thèse alors plus difficile à soutenir qu’elle ne l’est aujourd’hui, que nous connaissons parfaitement toute la suite de l’histoire.

Si je n’avais pas dû présumer qu’on ferait en France un usage public de ce mémoire, que je le trouverais peut-être déjà imprimé à mon retour, j’aurais proflté de la permission que j’avais d’en prendre copie, et j’aurais instruit plus tôt mes amis et le public de plusieurs circonstances intéressantes. Cependant nous avons appris presque tout, et plus de choses que ce mémoire n’en pouvait contenir, par une source d’où il ne se répandait d’ordinaire que des erreurs. Qui aurait cru que Rome conlribuerait tant une fois à éclairer le monde, à démasquer un imposteur, au point que nous avons vu par la publication d’un extrait des actes du procès 1 Cet écrit pourrait et devrait être beaucoup plus intéressant ; néanmoins il sera toujours un beau document dans les mains de tout homme sage, qui devait voir avec chagrin des personnes ou tout à fait ou à demi trompées et des trompeurs honorer pendant des années cet homme et ses jongleries, se sentir, par leur liaison avec lui, élevés au-dessus des autres, et, du haut de leur vanité crédule, plaindre ou même mépriser la saine raison. Qui ne gardait alors volontiers le silence ? C’est aujourd’hui seulement que, l’affaire étant complètement terminée et mise hors de contestation, je puis me résoudre à communiquer ce qui m’est connu pour compléter les documents.