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sang de saint Janvier, comme tout le reste du monde recourt, ou voudrait recourir au sang…. contre la mort et le diable. C’est une chose bien remarquable et bien salutaire de cheminer à travers cette foule sans nombre et sans repos. Les flots du torrent se confondent, et pourtant chacun trouve son chemin et arrive à son but.

Au milieu d’un monde et d’un mouvement si grands, je me sens pour la première fois vraiment calme et solitaire ; plus les rues font vacarme, plus je deviens tranquille. Je pense quelquefois à Rousseau et à ses lamentations hypocondres, et je comprends toutefois comment une si belle organisation pouvait se troubler. Si je me sentais moins de sympathie pour ce qui est naturel, et si je ne voyais pas que, dans le désordre apparent, mille observations peuvent être comparées et classées, comme l’arpenteur vérifie à l’aide d’une seule ligne transversale beaucoup de mesures particulières, bien souvent je croirais moi-même extravaguer.

Naples, 18 mars 1787.

Nous ne pouvions tarder plus longtemps de visiter Herculanum et de voir à Portici la collection tirée des fouilles. Herculanum, cette ville antique, située au pied du Vésuve, fut complètement couverte par la lave, qui s’est élevée par les éruptions suivantes, au point que les édifices sont maintenant à soixante pieds sous terre. On les découvrit en creusant un puits, au fond duquel on rencontra un pavé de marbre. Il est déplorable que les fouilles n’aient pas été faites d’après un plan régulier par des mineurs allemands, car, dans ces fouilles que le brigandage a faites au hasard, que de nobles reliques dissipées ! On descend par soixante marches dans Vin gouffre, où l’on admire, à la clarté des flambeaux, le théâtre, qui s’élevait jadis à la face du ciel, et l’on se fait raconter tout ce qu’on a trouvé là et tiré de la profondeur.

Nous sommes allés ensuite au musée. Nous étions bien recommandés et nous avons été bien reçus : mais on ne nous a pas permis plus qu’à d’autres de rien dessiner. Peut-être en avonsnous été d’autant plus attentifs et nous sommes-nous reportés plus vivement dans les temps écoulés, où toutes ces choses entouraient leurs possesseurs pour les usages et les jouissances de la vie. Les maisons et les chambres, si petites, que j’avais vues