Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
NAPLES.

Comme nous nous rendions à l’auberge, quelques femmes, assises devant les portes de leurs maisons, nous crièrent : « Ne vous plairait-il pas aussi d’acheter des antiquités ? » Et comme nous nous y montrâmes bien disposés, elles nous apportèrent de vieux chaudrons, des pincettes et d’autres mauvais ustensiles, en riant à gorge déployée de nous avoir attrapés. Nous étions furieux, mais notre guide nous calma en nous assurant que c’était là une plaisanterie coutumière, et que tous les étrangers devaient payer ce tribut. J’écris ces lignes dans une méchante auberge, et je ne me sens ni la force ni le courage de continuer. Ainsi donc, mes chers amis, bonsoir !

Fondi, 23 février 1787.

Nous étions en route à trois heures du matin. Au point du jour nous nous sommes trouvés dans les marais pontins, qui ne sont point aussi tristes à voir qu’on les représente d’ordinaire à Rome. On ne peut juger en passant une aussi grande et aussi longue entreprise que celle du desséchement projeté ; mais il me semble que les travaux ordonnés par le pape atteindront, du moins en grande partie, le but désiré. Qu’on se représente une large vallée, qui s’étend du nord au sud avec une faible pente, trop profonde à l’est du côté des montagnes, mais trop élevée à l’ouest du côté de la mer. Sur toute la longueur, en ligne droite, est l’antique Voie Appienne restaurée : à sa droite est creusé le canal principal par où l’eau s’écoule doucement. Par ce moyen, les terres situées à droite, du côté de la mer, sont desséchées et livrées à l’agriculture. Aussi loin que la vue peut s’étendre, la terre est cultivée ou pourrait l’être, à l’exception de quelques endroits trop bas, s’il se trouvait des fermiers. Le côté gauche, qui confine aux montagnes, offre de plus grandes difficultés. Des canaux de traverse donnent, par-dessous la chaussée, dans le grand canal ; mais la pente du sol incline vers les montagnes, et ce moyen ne peut suffire à le délivrer de l’eau. On veut, dit-on, ouvrir un second canal le long des montagnes. De grands espaces, surtout vers Terracine, sont parsemés de saules et de peupliers.

Une maison de poste n’est autre chose qu’une longue chaumière. Tischbein l’a dessinée, et il a eu pour récompense un