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allégresse. Le ciel immense, le ciel pur et beau, jetait sur ces folies un regard auguste et saint.

Et comme on ne peut reproduire de pareils tableaux, voici, pour amuser les enfants, des masques de carnaval et des costumes romains, d’abord dessinés, puis enluminés de couleurs. Ils pourront ainsi tenir lieu, pour nos chers petits, d’un chapitre qui manque dans YOrbis pictus.

Je profite des moments, tout en faisant nos malles, pour réparer quelques omissions. Nous partons demain pour Naples. Je souris à la nouveauté, qui doit être d’une beauté inexprimable, et je me flatte de retrouver dans cet autre paradis une liberté nouvelle, un désir nouveau de revenir étudier les arts dans cette grande cité.

Je fais mes paquets sans peine ; je les fais d’un cœur plus léger qu’il y a six mois, quand je me séparais de tout ce qui m’était cher et précieux. Oui, il y a déjà six mois, et, des quatre que j’ai passés à Rome, je n’ai pas perdu un moment. C’est beaucoup dire et ce n’est pas dire trop.

Je sais qu’Iphiymie est arrivée. Puisse-je apprendre au pied du Vésuve qu’elle a reçu un favorable accueil !

C’est un immense avantage pour moi de voyager avec Tischbein, qui sait voir avec autant de génie la nature que les arts. Mais, comme de véritables Allemands, nous ne pouvons renoncer aux projets de travail. Nous avons acheté le plus beau papier, et nous nous proposons de dessiner, quoique le nombre, la beauté et l’éclat des objets doivent mettre probablement des bornes à notre bonne volonté. J’ai su me modérer, et, de mes travaux poétiques, je n’emporte que le Tasse, sur lequel je fonde les meilleures espérances. Si je savais maintenant ce que vous dites d’Iphigénie, cela servirait à me diriger, car c’est un travail du même genre. Le sujet est peut-être encore plus limité, et il exige plus de soins dans les détails ; mais je ne sais pas encore ce qu’il en adviendra. Ce qui existe, je dois le détruire entièrement : cela a dormi trop longtemps ; ni les personnes, ni le plan, ni le ton n’ont la moindre affinité avec naes vues actuelles.

En rassemblant mes effets, je trouve quelques-unes de vos chères lettres, et, en les parcourant, je vois que vous me re-