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et nouvellement déterré et découvert ! Et puis serait mort le cardinal Albani, en l’honneur duquel il a écrit et peut-être dissimulé tant de choses !

Enfin on a joué Aristodème, et avec beaucoup de succès et de grands applaudissements. L’abbé Monti appartient à la maison des neveux du pape, et il est très-estime dans la haute société, si bien qu’on pouvait concevoir les meilleures espérances. Aussi les loges n’ont-elles pas épargné les applaudissements. Le parterre a été tout d’abord gagné par la belle diction du poète et l’excellente récitation des acteurs ; et l’on ne laissait échapper aucune occasion de témoigner son contentement. Le banc des artistes allemands s’est signalé, et, cette fois, c’était à propos, car du reste ces messieurs sont un peu tranchants. L’auteur était resté chez lui, fort inquiet de la réussite de son ouvrage. D’acte en acte, il a reçu des messages favorables, qui ont changé peu à peu son inquiétude en une vive joie. On ne manquera pas de rejouer la pièce, et tout marche pour le mieux. C’est ainsi que, par les œuvres les plus opposées, pourvu que chacune ait un mérite prononcé, on peut obtenir les suffrages de la foule aussi bien que des connaisseurs. Mais la représentation mérite aussi beaucoup d’éloges. L’acteur principal, qui remplit toute la pièce, parlait et jouait excellemment. On croyait voir paraître un des anciens empereurs. Les acteurs avaient très-heureusement transporté sur le théâtre le costume que nous trouvons si imposant dans les statues, et l’on voyait que le comédien avait étudié l’antique.

Rome, 16 janvier 1787.

Les arts sont menacés à Rome d’une grande perte : le roi de Naples fait transporter l’Hercule Farnèse dans sa capitale. C’est un deuil général chez les artistes. Cependant nous verrons, à cette occasion, quelque chose que nos devanciers n’ont pas connu. Cette statue, à savoir de la tête aux genoux, puis les pieds et le socle sur lequel ils reposent, furent trouvés dans la villa Farnèse ; mais les jambes, du genou à la cheville, manquaient, et furent remplacées par Guillaume de La Porte. C’est sur elles que l’Hercule est porté jusqu’à ce jour. Cependant les véritables jambes antiques avaient été trouvées à leur tour dans la villa Borghèse, et on les y voyait encore exposées.