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plus appris que je n’ai fait. J’ajouterai quelques réflexions sur la pièce.

Rome, 9 janvier 1787.

Parlons encore un peu des cérémonies du culte. Pendant la nuit de Noël, nous avons couru la ville et visité les églises où l’on célébrait un office. Il en est une qu’on visite surtout. L’orgue et la musique sont arrangés de manière à faire entendre tous les sons d’une musique pastorale ; rien n’y manque, ni les chalumeaux des bergers, ni le gazouillement des oiseaux, ni le bêlement des moutons.

Le jour de Noël, j’ai vu le pape et tout le clergé à SaintPierre. Le pape a célébré la grand’messe, en partie de son trône, en partie d’en-bas. C’est un spectacle unique en son genre, magnifique et auguste : mais je suis tellement envieilli dans mon diogénisme protestant, que cette magnificence m’ôte plus qu’elle ne me donne. Je dirais volontiers, comme mon pieux devancier, à ces sacrés conquérants du monde : « Ne me cachez pas le soleil de l’art sublimé et de l’humanité pure. »

Aujourd’hui, fête de l’Epiphanie, j’ai vu et entendu la messe d’après le rit grec. Les cérémonies me semblent plus imposantes, plus graves, plus réfléchies et pourtant plus populaires que celles du rit latin. Mais, là encore, j’ai senti que je suis trop vieux pour tout, excepté pour la vérité. Leurs cérémonies et leurs opéras, leurs processions et leurs ballets, tout coule et glisse sur moi comme l’eau sur un manteau de toile cirée, tandis qu’un effet de la nature, comme le coucher du soleil, vu de la villa Madame, un ouvrage d’art, comme cette Junon vénérée, me font une impression profonde et vivifiante.

Leurs théâtres me font frémir d’avance. La semaine prochaine, sept théâtres seront ouverts. Anfossi est arrivé ; on donnera Alexandre aux Indes ; on donne aussi un Cyrus, et la Prise de Troie en ballet. Voilà qui amuserait les enfants.

Rome, 10 janvier 1787.

Voilà donc l’enfant de la douleur 1 Iphigcnie mérite cette qualification dans plus d’un sens. Une lecture que j’en ai faite à nos artistes m’a conduit à souligner quelques vers. J’en ai corrigé quelques-uns selon mon idée, je laisse subsister les