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laquelle il saisira l’occasion de produire des figures véritables. Mais il esquisse avec le plus grand enthousiasme une bataille, où deux corps de cavalerie s’attaquent avec une fureur égale, et particulièrement une place où s’ouvre une énorme crevasse de rocher, que le cheval ne peut franchir qu’avec un effort extraordinaire. 11 ne s’agit pas de se défendre : une attaque hardie, une résolution furieuse, le succès ou la chute dans l’abîme ! Ce tableau lui fournira l’occasion de développer d’une manière très-remarquable la connaissance qu’il a du cheval, de sa structure et de ses mouvements.

Ces tableaux et d’autres, qui les suivent ou s’y intercalent, il voudrait les voir liés par un poème, qui servirait à expliquer les scènes représentées, et auquel il prêterait à son tour un corps et de l’attrait par le secours des figures. L’idée est belle, mais il faudrait passer ensemble plusieurs années pour exécuter un tel ouvrage.

Je n’ai vu jusqu’à présent qu’une seule fois les loges de Raphaël elles grands tableaux de l’école d’Athènes, etc., et c’est comme si l’on devait étudier Homère dans un manuscrit en partie effacé et altéré. Le plaisir de la première impression est incomplet ; c’est seulement quand on a peu à peu parcouru, étudié l’ensemble, que la jouissance devient entière. Ce qu’il y a de mieux conservé, ce sont les plafonds des loges, qui représentent des histoires de la Bible, aussi fraîches que si elles étaient peintes d’hier. La plupart, il est vrai, ne sont pas proprement de la main de Raphaël, mais elles sont parfaitement exécutées sur ses dessins et sous sa direction. Ma fantaisie, mon plus vif désir, en d’autres temps, avait été quelquefois de me voir conduit en Italie par un homme savant, un Anglais, versé dans les arls et dans l’histoire, et tout cela s’est accompli mieux que je ne pouvais l’imaginer. Mon excellent ami Tischbein vivait ici depuis longtemps ; il vivait avec le désir de me montrer Rome ; il y a longtemps que nous étions en correspondance : notre connaissance personnelle est nouvelle encore. Où donc aurais-je pu trouver un guide plus excellent ? Quoique la durée de mon séjour soit très-bornée, je jouirai et j’apprendrai tout ce qu’il est possible, et cependant, je le prévois, quand je partirai je souhaiterai d’arriver.