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qu’il croît lentement, et que sa structure est d’une extrême Gnesse. Le feuillage est celui du saule, mais les rameaux ont peu de feuilles. Autour de Florence, sur le penchant des monts, tout est planté d’oliviers et de vignes. Les intervalles sont consacrés aux céréales. Près d’Arezzo et plus loin, on laisse les champs plus libres. Je trouve qu’on n’exlirpe pas assez le lierre, qui est nuisible aux oliviers et aux autres arbres, et qu’il serait si aisé de détruire. On ne voit aucune prairie. On dit que le blé de turquie épuise la terre ; que, depuis qu’on l’a-introduit, l’agriculture a perdu sous d’autres rapports. Je le crois volontiers, vu le peu d’engrais qu’on emploie.

J’ai pris congé ce soir de mon capitaine, avec l’assurance, avec la promesse, de l’aller voir quand je repasserais à Bologne. C’est le véritable représentant d’un grand nombre de ses compatriotes. Quelques mots le feront connaître. Gomme j’étais souvent silencieux et rêveur, il me dit une fois : Che pensa ? Non dcve mai pensar l’uomo, pcnsando s’invccchia. C’est-à-dire • » A quoi pensez-vous ? L’homme ne doit jamais penser : penser fait vieillir. » Et après un moment de conversation : Non dcve fermarsi l’uomo in una sola cosa, perche allora divien matlo : bisoijna avep-millecosc, unaconfusione, nella testa.C’est-à-dire : « L’homme ne doit pas s’arrêter à une seule chose, car alors il devient fou ; il faut avoir mille choses, une confusion, dans la tête. » Le bon homme ne pouvait savoir que j’étais silencieux et rêveur précisément parce qu’une confusion de choses anciennes et nouvelles me troublaient le cerveau. Voici quelques détails qui feront mieux connaître encore la culture d’un Italien tel que celui-là.

Comme il voyait bien que j’étais protestant, il me demanda, après quelques détours, la permission de me faire certaines questions, car il avait ouï dire mille choses étranges de nous autres protestants, sur lesquelles il désirait être enfin éclairci. « Pouvez-vous,, rne dit-il, vivre sur un bon pied avec une jolie fillette sans être précisément marié avec elle ? Vos prêtres vous souffrent-ils cela ? — Nos prêtres sont des gens sages, lui répondis-je, qui ne s’informent pas de ces bagatelles. Mais, à dire le vrai, si nous voulions les consulter là-dessus, ils ne nous accorderaient pas la permission.—Vous n’êtes donc pas obligés de les