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notre été nous en accorde rarement. Le ciel, couvert tout le jour, s’est éclairci ; les nuages se sont jetés au nord et au sud contre les montagnes, et j’espère que demain sera beau.

C’est ici que j’ai vu pour la première fois les Apennins, dont je m’approche. L’hiver ne règne ici qu’en décembre et janvier ; un avril pluvieux ; du reste, selon la saison, un beau temps ; jamais de pluies persistantes. Cependant, cette année, le mois de septembre a été plus beau et plus chaud que le mois d’août. J’ai salué amicalement les Apennins vers le sud, car j’en aurai bientôt assez des plaines. Demain j’écrirai du pied de ces montagnes.

Le Guerchin aimait sa ville natale. En général, les Italiens nourrissent et cultivent ce patriotisme local, et c’est ce beau sentiment qui a produit un si grand nombre d’établissements précieux, et même cette multitude de saints particuliers. Sous la direction de ce maître, il s’est formé ici une académie de peinture. Il a laissé plusieurs tableaux, qui font encore les délices des habitants et qui le méritent. Le nom du Guerchin est sacré ; il est dans la bouche des enfants, comme des vieillards.

J’aime beaucoup le tableau qui représente le Christ ressuscité apparaissant à sa mère. A genoux devant lui, elle le regarde avec une inexprimable tendresse. De sa main gauche, elle touche le corps de Jésus, droit au-dessous de la fatale blessure, qui gâte tout le tableau. Il a posé sa main gauche autour du cou de sa mère, et, pour la regarder plus commodément, il se pencheunpeu en arrière. Cela donne à la figure quelque choseje ne dirai pas de forcé, mais d’étrange. Cependant elle n’en reste pas moins infiniment agréable. Le calme et triste regard avec lequel il la considère est unique ; on dirait que le souvenir de ses propres douleurs et de celles de sa mère, que la résurrection n’a pas d’abord guéries, flotte encore devant sa grande âme. Strange agravé ce tableau : je voudrais que mes amis vissent du moins cette copie.

Ensuite une Madone m’a charmé. L’enfant demande le sein ; elle hésite avec pudeur à se découvrir la gorge. Cela est naturel, noble et beau. Je citerai encore une Marie qui conduit le bras de l’enfant, placé devant elle et tourné vers les spectas, afin qu’avec ses doigts levés il leur donne la bénédiction :