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bon garçon ne remarquait pas ce qui élait proprement digne de remarque, c’est que cette maison était la seule de Trente qui fût de bon goût ; construite sans doute dans le vieux temps par un bon maître italien. Je suis parti à cinq heures du soir. Même spectacle que la veille, et les sauterelles, qui recommencent ù grésillonner dès le coucher du soleil. On roule environ un mille entre des murs sur lesquels des treilles se font voir. D’autres murs, qui ne sont pas assez hauts, ont été relevés, comme on a pu, avec des pierres, des épines et d’autres choses, pour rendre aux passants le vol des raisins plus difficile. Beaucoup de propriétaires aspergent de chaux les premiers ceps, ce qui rend les raisins immangeables, sans nuire au vin, parce que la fermentation rejette tout dehors.

Roveredo, 11 septembre 178G, au soir.

Me voici à Roveredo, où le langage prend une forme décidée : plus haut, il flotte encore entre l’allemand et l’italien. Ici, pour la première fois, j’ai eu un postillon pur Italien ; l’hôte ne parle pas l’allemand, et je dois essayer mes talents de linguiste. Quel plaisir de trouver vivante, de trouver usuelle, la langue que j’aime !

Torbole, 12 septembre 1786, après dîner.

Que je voudrais voir un moment mes amis à mes côtés, pour jouir de la vue qui se déploie devant moi ! J’aurais pu être ce soir à Vérone, mais il se trouvait auprès de moi une œuvre admirable de la nature, un merveilleux spectacle, le lac de Garde. Je n’ai pas voulu négliger de le voir, et je suis magnifiquement récompensé de ce détour. Je suis parti de Roveredo après cinq heures, et j’ai remonté une vallée latérale, qui verse encore ses eaux dans l’Adige. Quand on arrive au haut, il se présente dans le fond un immense banc de rochers, qu’il faut franchir encore pour descendre au lac. Là se montraient les plus belles études de rochers calcaires. Arrivé en bas, on trouve un petit endroit, à l’extrémité septentrionale du lac, avec un petit port ou plutôt un abord. On l’appelle Torbole. Les figuiers m’avaient accompagné en chemin, et, quand je descendis dans l’amphithéâtre de rochers, je trouvai les premiers oliviers, couverts d’olives. C’est là aussi que je vis pour la première fois, comme