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sans inquiétude, avec une douce joie d’avoir été choisie pour le bonheur après lequel tant de monde soupire.




LE CHANOINE.

A quoi cela va-t-il aboutir ?

LE CHEVALIER.

Quel est votre dessein ?

LE COMTE.

Patience et soyez attentifs ! (La musiquejoue. Le Comte fait un signe. Il sort de terre un trépied, sur lequel est fixé un globe illuminé. Le Comte fait un signe à la Nièce, et place sur elle le voile qui l’a couvert lui-même auparavant ; mais le visage reste libre. Elle se place derrière le trépied. Pendant cette pantomime, le Comte quitte son air impérieux, il se montre fort gracieux et prévenant, et prèsque respectueux avec la Nièce. Les enfants, portant les encensoirs, s’approchent du trépied. Le Comte se tient auprès de la Nièce ; les autres personnes se groupent avec intelligence. Les jeunes gens sont à l’avant-scène. La Nièce a les yeux fixés sur le globe, la société sur elle, avec la plus grande attention. La jeune fille semble articuler quelques mots, regarde encore le globe, se courbe ensuite en arrière, avec l’air étonné d’une personne qui voit quelque chose d’inattendu, et demeure dans cette position. La musique cesse.)

LE COMTE.

Que vois-tu, chère fille’/ Ne t’effraye pas ; courage ! Nous sommes près de toi, mon enfant.

LE CHEVALIER.

Que peut-elle voir ? Que dira-t-elle ?

LE CHANOINE.

Silence ! elle parle. (La Nièce dit quelques mots, mais si bas qu’on ne peut les comprendre.)

LE COMTE.

Distinctement, ma fille, plus distinctement, afin que tous comprennent.

LA NIÈCE.

Je vois des bougies brillantes, des bougies qui brûlent dans une chambre magnifique. Maintenant je distingue des tapis de Chine, des sculptures dorées, un lustre. Beaucoup de lumières m’éblouissent.