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IX.

Le rideau se lève et l’on voit une salle décorée d’images et d’ornements égyptiens. Au milieu est un grand fauteuil, où est assis et couché un personnage vêtu de drap d’or, la tête couverte d’un voile blanc. A droite, le Chanoine est à genoux, à gauche, le Chevalier : en avant, près du Chanoine, la Marquise ; près du Chevalier, le Marquis, puis la Nièce. La musique cesse peu à peu.

LE CHANOINE, LE CHEVALIER, LE MARQUIS, LA MARQUISE, LA NIÈCE, LE GRAND COPHTE.

LE CHANOINE.

Sublime, immortel vieillard, tu permets à des indignes d’approcher de tes pieds pour implorer ta grâce et ton secours. Tu dors ou plutôt tu sembles dormir ; car nous savons que, même dans ton repos, tu es attentif et agissant, et tu avances le bonheur des hommes. Donne-nous un signe auquel nous reconnaissions que tu nous entends, que tu nous es favorable ! (im musique fait entendre quelques sons ; In personne voilée lève la main droite.)

LE CHEVALIER.

Tu vois ici devant toi des personnes, qui, animées par la promesse de ton plus digne élève, s’approchent de toi pleins de confiance, et espèrent que tu satisferas leurs besoins. A la vérité, ces besoins sont très-divers ; mais même ce qu’il y a de plus divers devient simple devant ton regard universel, devant ta vaste puissance. Nous exauceras-tu, quoique indignes ? (La musique recommence, en rapport avec la situation ; la personne voilée se redresse sur son siège.)

LA MARQUISE.

Pardonne à l’impatience d’une femme : laisse-nous voir ton visage. Il y a des mois que nous soupirons après ta présence. La musique recommence. La personne voilée se lève, et demeure immobile devant le fauteuil.)

LE MARQUIS.

Permets-nous d’approcher de toi, afin de baiser le bord de ton vêtement. Les vœux qui si longtemps dormirent dans nos cœurs sont maintenant éveillés : en ta présence, ils deviennent d’une