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tuné prend, hélas ! avec beaucoup d’autres, pour la vérité, n’est qu’une épreuve, une tentation. Quand les maîtres supérieurs, grands, désintéressés, veulent faire avancer un élève qui donne de belles espérances, ils l’éprouvent d’abord, et l’épreuve la plus sûre est de lui présenter les avantages apparents d’une conduite intéressée. S’il les saisit, il fait un pas en arrière, lorsqu’il croit en faire un en avant. Nous le laissons longtemps dans ses sentiments, et il est heureux, lorsque, peu à peu et par de longs détours, nous le conduisons à la lumière.




LE CHEVALIER.

Je ne sais que dire. Le chanoine croit-il donc que les maximes qu’il m’a exposées avec tant de calme soient les justes, les véritables ?

LE COMTE.

Assurément il le croit, le malheureux !

LE CHEVALIER.

Et toi, son ami fidèle, tu ne l’arraches pas à cette erreur ?

LE COMTE.

J’y travaille, mais c’est plus difficile que tu ne penses. La présomption d’un égoïste demi-sage l’élève au-dessus de tous les hommes ; en croyant les surpasser, il se permet tout, et donne, par là même, aux autres occasion de le surpasser, de le dominer.

LE CHEVALIER

Vous ne devriez point avoir de repos qu’il n’eût les yeux ouverts.

LE COMTE.

Pour que tu apprennes combien cela est difficile, il faut que tu m’aides à l’amener dans le bon chemin.

Le Chevalier, après une pnv.se.

Il serait donc vrai que je ne me suis pas trompé sur votre compte ; que, plus longtemps je t’observe, plus je trouve toujours en toi le meilleur, le plus grand, l’incompréhensible ! Ma reconnaissance est sans bornes ; ma joie reste muette dans cet embrassement.

LE COMTE.

Va maintenant, mon fils. De l’autre côté, sont disposés, dans la chambre, les habits sous lesquels seulement on doit se

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