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que je n’achète pas ce collier pour moi ; je l’achète pour une dame qui devrait assurément avoir tout crédit auprès de vous.




LE BIJOUTIER.

Nous avons une entière confiance en votre parole, et nous souhaiterions seulement voir une ligne de la main de cette gracieuse dame.

LE CHANOINE.

Je vous ai déjà dit que cela n’est pas faisable, et je vous recommande encore une fois le secret. Il suffit que je sois votre débiteur. Mais, pour que vous ne croyiez pas que j’agis précipitamment, et que je n’ai pas su nous mettre à couvert vous et moi, lisez ceci. (Il leur donne à lire un papier, et Use parle à luimême, pendant que les Bijoutiers lisent.) La marquise m’a demandé, il est vrai, expressément, de ne montrer le papier à personne, et de le garder uniquement pour ma propre sûreté…. Mais, si ces gens pensent aussi à leur sûreté, s’ils veulent aussi savoir qui est notre garant à eux et à moi pour une si forte somme !… (Haut.) Qu’en dites-vous, messieurs ?

Le Bijoutier, rendant le papier.

Pardon, monseigneur : nous n’hésitons pas un instant…. Même sans cela nous aurions livré le collier. Le voici. Vous plairait-il de signer le contrat ?

LE CHANOINE.

’ Très-volontiers. (Il signe et il échange le papier contre l’écrin.) Adieu, messieurs ! Les termes seront exactement payés, et, à l’avenir, nous aurons encore affaire ensemble. (Les Bijoutiers se retirent en faisant de profondes révérences.)

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SCÈNE III.

LE CHANOINE, puis UN DOMESTIQUE, et ensuite JACK.

Le Chanoine, considérant le collier. Magnifique ! très-magnifique !… et digne du col blanc et délicat qui doit te porter ; digne du sein adorable que tu dois toucher ! Vole chez elle, brillante parure, afin qu’elle sourie un moment, et qu’elle pense avec plaisir à l’homme qui hasarde beaucoup pour lui procurer cette joie. Va, sois-lui témoin que je suis prêt à