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LE COMTE.

Pas assez sévère pour exclure celui qui me donne encore de l’espérance. Venez, venez ! Promenons-nous un quart d’heure ensemble. Au moins faut-il que je vous examine et vous prépare. Adieu ! au revoir, toutes deux.

La Nièce, retenant le comte.

Je vous prie ! je vous conjure !

LE COMTE.

Encore une fois, mon enfant, croyez, sur ma parole, que rien d’effrayant ne vous menace, que vous trouverez les immortels doux et propices. Marquise, donnez-lui une idée de nos réunions ; instruisez l’aimable enfant. Notre ami le chanoine interrogera certainement le grand cophte sur ce qui lui tient le plus au cœur ; je suis persuadé que cette apparition fortifiera ses espérances. Il mérite d’être content, il mérite d’être heureux ; et combien ne vous appréciera-t-il pas, ma colombe, si les esprits lui annoncent par vous son bonheur ! Adieu ! Venez, marquis. La Nièce, courant sur les pas du Comte.

Monsieur le comte ! monsieur le comte !

SCÈNE VI.

LA MARQUISE, LA NIÈCE. Après que le Comte et le Marquis sont sortis, la Nièce reste debout au fond du théâtre, dans l’attitude du désespoir.

La Marquise, à part, sur ravant-scène. Je comprends ce signe. Je te remercie, comte, de me tenir pour ton égale. Il ne faut pas qu’il t’en coûte de m’être utile…. Il remarque depuis longtemps que j’amuse le chanoine avec l’espérance de lui gagner la faveur de la princesse. Il ne soupçonne rien de mon grand dessein ; il le croit dirigé vers de petites fourberies. Maintenant il songe à m’étre utile, en se servant de moi ; il me met en mesure de faire accroire au chanoine, par le moyen de ma nièce, ce que je voudrai, et je ne puis le faire, sans fortifier la croyance du chanoine aux esprits…. Bien, monsieur le comte ! C’est ainsi que les habiles doivent s’entendre, pour s’assujettir les hommes imbéciles