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la Marquise. Éloignez toute pensée étrangère et malicieuse. (Ala Nièce, avec douceur et bienveillance.) Approchez, mon enfant ; approchez sans crainte…. Bien !… Montrez-vous précisément comme cela au grand cophte. Ses yeux perçants vous observeront ; il vous conduira devant une glace brillante, éblouissante ; vous y verrez les esprits qu’il évoque ; vous jouirez du bonheur auquel d’autres aspirent en vain ; vous instruirez vos amis, et vous prendrez aussitôt un rang élevé dans la société où vous entrez, vous, la plus jeune, mais aussi la plus pure…. Gageons, marquise, que cette enfant verra des choses qui rendront le chanoine souverainement heureux ? Gageons-nous, marquise ?

LA MARQUISE.

Gager ? Avec vous, qui savez tout ?

La Nièce, qui, jusqu’alors, s’est efforcée de dissimuler

son embarras.

Épargnez-moi, monsieur le comte ! Je vous en prie, épargnezmoi.

LE COMTE.

Soyez tranquille, chère enfant ! L’innocence n’a rien à craindre.

La Nièce, dans une extrême agitation. Je ne puis voir les esprits ! J’en mourrai !

Le Comte, d’un ton caressant. Prenez courage ! Cette crainte même, cette humilité vous sied bien, et vous rend digne de vous produire devant nos maîtres. Veuillez l’encourager, marquise. (La Marquise parle bas avec la Nièce.)

VE MARQUIS.

Ne puis-je être aussi témoin de ces merveilles ?

LE COMTE.

A peine ! Vous êtes encore plus mal préparé que ces dames. Vous avez constamment évité nos assemblées.

LE MARQUIS.

Pardonnez-moi : j’étais occupé.

LE COMTE.

A vous parer !… ce que vous devriez abandonner aux femmes.

LE MARQUIS.

Vous êtes trop sévère.