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CHEVALIER.

Quel miracle a-t-il donc fait devant nos yeux ? Et, s’il continue à se moquer de nous avec le grand coplrte ; si cela aboutit enfin à une momerie, où il nous produise un vagabond de son espèce, comme le grand maître de son art : avec quelle facilité le chanoine et toute l’école ouvriront les yeux !

LA MARQUISE.

Ne le croyez pas, chevalier. Les hommes préfèrent l’obscurité au grand jour, et c’est justement dans l’obscurité que les fantômes apparaissent. Et puis songez à quel péril vous vous exposez, si vous offensez un tel homme par une action brusque et précipitée. Je le révère toujours comme un être surnaturel…. Et sa magnanimité, sa libéralité, sa bienveillance pour vous !… Ne vous a-t-il pas ouvert la maison du chanoine ? Ne vous favorise-t-il pas de toute manière ? Ne pouvez-vous pas espérer de faire par lui votre fortune, dont vous êtes fort éloigné, comme troisième fils ?… Mais vous êtes distrait…. Me trompé-je, chevalier, ou vos yeux ne sont-ils pas plus occupés de ma nièce que votre esprit de mes paroles ?

LE CHEVALIER.

Excusez ma curiosité : un nouvel objet attire toujours.

LA MARQUISE.

Surtout quand il est attrayant. Le Marquis. Il s’est entretenu jusqu’alors à voix basse avec la Nïece.

Vous êtes distraite et vos regards semblent dirigés de l’autre côté.

LA NIÈCE.

Je regardais’ma tante. Elle n’est pas changée depuis que je l’ai vue.

LE MARQUIS.

Et moi, je vous trouve fort changée, depuis que le chevalier est entré.

LA NIÈCE.

Depuis ce peu d’instants ?

LE MARQUIS.

O femmes ! femmes !

LA NIÈCE.

Calmez-vous, marquis. Quelle fantaisie vous prend ?




LA MARQUISE.