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LE CHEVALIER.

Et ses prodiges ? ses esprits ?

LA MARQUISE.

Nous avons des preuves si grandes, si certaines, de sa puissance surnaturelle, que, si mon cœur est choqué de sa conduite, je lui soumets toutefois sans balancer ma raison.

LE CHEVALIER.

Je suis dans le même cas, quoique mes doutes soient plus forts. Mais il faut maintenant que la chose se décide bientôt, aujourd’hui même ; car je ne sais comment il pourra l’éviter…. Ce matin, lorsqu’il nous tira du jardin (car je dois avouer que nous lui avons obéi ponctuellement, et que nul n’osait faire un seul pas), il vint à nous enfin et s’écria : « Soyez bénis, vous qui reconnaissez et respectez la main d’un père qui vous châtie. Soyez assurés pour cela de la plus belle récompense. J’ai lu au fond de vos cœurs. Je vous ai trouvés sincères. Aussi, aujourd’hui même, vous verrez le grand cophte. »

LA MARQUISE.

Aujourd’hui même ?

LE CHEVALIER.

Il l’a promis.

LA MARQUISE.

A-t-il déclaré comment il le ferait voir ? Dans quel lieu ?

LE CHEVALIER.

Dans la maison du chanoine, dans la loge égyptienne, où il nous a initiés. Ce soir

LA MARQUISE.

Je ne comprends pas. Le grand cophte serait-il arrivé ?

LE CHEVALIER.

C’est incompréhensible pour moi.

LA MARQUISE.

Le chanoine le connaîtrait-il déjà, et l’aurait-il nié jusqu’à présent ?

LE CHEVALIER.

Je ne sais que penser, mais, quoi qu’il arrive, je suis résolu à démasquer l’imposteur, aussitôt que je l’aurai pénétré.

LA MARQUISE.

En amie, je ne puis vous conseiller une si héroïque entreprise. Croyez-vous que ce soit une chose si facile ?




LE