de la joie, à cause de cette confiance ; il y voit un signe certain de son retour à la faveur ; il voudrait, de toute son âme, avoir fait l’emplette, et que le collier fût déjà dans les mains de la princesse.
LE MARQUIS.
Et ce collier, tu songes à l’intercepter ?
LA MARQUISE.
Naturellement. Tiens-toi toujours prêt à partir. Aussitôt que le trésor sera dans nos" mains, nous le mettrons à profit. Nous démontons le joyau ; tu passes en Angleterre ; tu vends, tu échanges d’abord avec prudence les petites pierres ; je te suis aussitôt que ma sûreté ne me permet plus de rester ici ; en attendant, je mènerai et embrouillerai si bien l’affaire, que le chanoine restera seul dans l’embarras.
LE MARQUIS.
C’est une grande entreprise. Mais, dis-moi, ne crains-tu pas de former un tel dessein dans le voisinage du comte, ce grand magicien ?
LA MARQUISE.
C’est un grand fripon. Sa magie consiste dans son habileté, dans son impudence. Il sent bien que je le connais. Nous nous comportons l’un envers l’autre comme il convient ; nous savons nous comprendre sans paroles, et nous aider l’un l’autre sans nous être concertés.
LE MARQUIS.
Mais les esprits qu’il a à son service ?
LA MARQUISE.
Plaisanteries !
LE MARQUIS.
Les miracles qu’il fait ?
LA MARQUISE.
Fables !
LE MARQUIS.
Tant de gens ont vu pourtant….
LA MARQUISE.
Aveugles !
LE MARQUIS.
Tant de gens croient….
CŒTHE. — TH II ’ 4
LA MARQUISE.
Imbéciles !