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LAFLEUR.

Appartient aussi à monsieur le marquis ?

LE MARQUIS.

Ces boucles ? ces boutons d’acier ? enfin tout cela ?… Ne me trouves-tu pas habillé avec élégance et distinction ?

LAFLEUR.

Vous efl’acerez certainement bien du monde à la promenade.

LE MARQUIS.

Que cela me fait plaisir !… Par nécessité, toujours se montrer en uniforme ! toujours être perdu dans la foule ! n’attirer l’attention de personne ! J’aurais mieux aimé mourir que de vivre ainsi plus longtemps…. Ma nièce est-elle déjà levée ?

LAFLEUR.

A peine, je crois ; du moins elle n’a pas encore demandé son déjeuner. Il me semble qu’elle ne s’est endormie qu’après que vous vous êtes échappé ce matin de chez elle.

LE MARQUIS.

Impudent !… Silence !

LAFLEUR.

Entre nous, je dois pourtant être sincère.

LE MARQUIS.

Si un mot pareil t’échappait en présence de ma femme !

LAFLEUR.

Ne croyez-vous pas que je suis maître de ma langue ?

LE MARQUIS.

La marquise ne peut absolument rien soupçonner encore. Elle regarde notre nièce comme une enfant : depuis trois ans elles ne se sont pas vues. Je crains, si elle observe bien cette enfant….

LAFLEUR.

Tout cela pourrait aller encore, si seulement elle n’avait pas fait la connaissance de ce vieux sorcier, qui me fait peur. Cet homme est prodigieux. Il sait tout ; ses esprits lui découvrent tout. Que s’est-il passé dans la maison du chanoine ? Le sorcier a découvert un secret important, et l’on voulait ensuite que le valet de chambre eût jasé.

LE MARQUIS.

Il n’est pas, que je sache, très-grand ami de ma femme ?