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teront sur Eugénie sauvée, qui, du fond de sa misère, s’efforce d’accomplir ce qu’elle avait promis dans son bonheur. Il vient ! Il m’est plus doux de le voir s’approcher que de le fuir. Il vient ! Il me cherchei.Il croit que je le quitte : je resterai pour être à lui.




SCÈNE IX.

EUGÉNIE, LE CONSEILLER, suivi d’un jeune garçon, qui porte une élégante cassette.

LE CONSEILLER.

Déjà les vaisseaux partent l’un après l’autre, et bientôt, je le crains, tu seras aussi appelée. Reçois encore un adieu cordial et ces dons champêtres, agréable rafraîchissement, pendant une longue traversée, pour le voyageur souffrant. Souviens-toi de moi. Oh ! puisses-tu ne pas t’en souvenir avec regret en de mauvais jours !

EUGÉNIE.

J’accepte ton présent avec joie ; il m’est un gage de ton affection, de tes soins : mais renvoie-le sur-le-champ dans ta maison. Et, si tu penses comme tu pensais ; si tu sens ce que tu sentais, si mon amitié peut te suffire, je t’y suivrai.

Le Conseiller. Après line pause, il fait signe au jeune garçon de s’éloigner.

Est-ce possible ? En quelques moments ta volonté aurait changé en ma faveur ?

EUGÉNIE.

Elle est changée ; mais ne crois pas que ce soit la crainte qui m’entraîne vers toi. Un plus noble sentiment…. laisse-moi le cacher…. me retient dans ma patrie, auprès de toi. Maintenant réponds-moi : peux-tu, avec un noble courage, vouer le renoncement à celle qui renonce ? Peux-tu promettre de me recevoir en frère, avec une affection pure ; de m’assurer à moi, ta tendre sœur, conseil et protection, avec une vie douce et secrète ?

LE CONSEILLER.

Je crois pouvoir tout supporter ; te perdre, après t’avoir trouvée, me paraît seul insupportable. Te voir, être auprès de