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je tends la main plus qu’à tous les autres, que je m’efforce d’-élever jusqu’à moi, auquel j’ai déjà dévoilé les mystères du deuxième degré…. soutient si mal une faible épreuve !… Ni les menaces de son maître, ni l’espérance de voir le grand cophte, ne peuvent le décider à renvoyer ses festins de quelques nuits ! Fi ! Cela est-il d’un homme ? Cela est-il sage ? Les leçons du plus grand des mortels, l’assistance des esprits, la révélation de tous les secrets de la nature, une éternelle jeunesse, une santé toujours égale, une force inébranlable, une impérissable beauté…. tu aspires à ces trésors, les plus grands-du monde, et tu ne peux renoncer à un souper !




Le Chanoine, à genoux. -Tu m’as vu souvent à tes pieds : j’y suis encore. Pardonnemoi ! ne me retire pas ta faveur !… Le charme…. les amorces…. l’occasion…. la séduction…. Jamais tu ne me retrouveras désobéissant ! Commande, impose-moi ce que tu voudras !

LE COMTE.

Comment pourrais-je me ficher avec toi, avec toi, mon favori ? Comment pourrais-je te repousser, toi, l’élu du destin ? Lèvetoi ; viens sur mon cœur, dont tu ne peux t’arracher, même par violence.

LE CHANOINE.

Comme tu me ravis !… Mais oserai-je, dans ce moment où je devrais m’affliger et faire pénitence, oserai-je implorer de toi une grâce, en signe de réconciliation ?

LE COMTE.

Parle, mon cher disciple.

LE CHANOINE.

Ne me laisse pas plus longtemps dans l’incertitude ; donnemoi des lumières plus claires sur l’homme étonnant que tu nommes le grand cophte, que tu veux nous montrer, dont tu nous promets tant de choses. Dis-moi, qui est-il ? où est-il ? Estil déjà proche ? Le verrai-je ? Me jugera-t-il digne de cet honneur ? M’accueillera-t-il ? Me fera t-il part des connaissances auxquelles mon cœur aspire si vivement ?

LE COMTE.

Doucement, doucement, mon fils ! Si je diffère de te révéler tout, c’est en vue de ton plus grand bien…. Éveiller ta curiosité,