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Pardonne ! Ce que j’ai perdu se présente encore trop vivement à ma pensée. Toi, homme généreux, tu ne considères que le peu qui me reste encore. Que c’est peu de chose ! Ce faible débris, tu m’apprends à l’estimer ; par tes sentiments, tu me ranimes, tu me rends ma propre nature. Je t’offre en tribut le respect…. ou quel nom lui donnerai-je ?… l’affection reconnaissante, l’enchantement d’une sœur. Je me sens ton ouvrage, hélas, et je ne puis t’appartenir comme tu le désires.

LE CONSEILLER.

Tu refuses sitôt pour toi et pour moi l’espérance !

EUGÉNIE.

Le désespoir s’annonce promptement.

SCÈNE III.

LES PRÉCÉDENTS, LA GOUVERNANTE.

LA GOUVERNANTE.

Déjà la flotte obéit au vent favorable ; les voiles s’enflent ; chacun s’empresse de partir. Ceux qui se séparent s’embrassent en pleurant, et, des vaisseaux et du rivage, les mouchoirs flottants envoient encore le dernier adieu. Bientôt notre navire aussi lèvera l’ancre. Viens ! Partons ! Aucun salut d’adieu ne nous accompagne ; nous partons sans coûter des larmes.

LE CONSEILLER.

Non pas sans coûter des larmes, non pas sans une douleur amère des amis que vous laissez, et qui vous tendent les bras pour vous sauver. Oh ! peut-être ce que vous dédaignez dans ce moment vous paraitra t-il bientôt une image digne de vos re’ grets, une image lointaine !… (A Eugénie.) Il y a quelques instants, l’âme ravie, je te disais bienvenue : un adieu rapide va-t-il sceller notre séparation pour jamais ?

LA GOUVERNANTE.

Ai-je deviné l’objet de l’entretien ?

LE CONSEILLER.

Tu me vois prêt à serrer des nœud,s éternels.




LA Gouvernante, à