Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/447

Cette page n’a pas encore été corrigée

atteint d’un mal profond ; il implore du soulagement ; il implore la conservation de ses jours gravement menacés. L’homme expérimenté lui paraît comme un Dieu. Mais, hélas ! un remède douloureux, insupportable, est ordonné. Hélas ! il faut peutêtre lui annoncer la mutilation cruelle de membres précieux, une perte au lieu d’une guérison. Tu veux être sauvée ? On peut te sauver, mais non te rétablir dans tes droits. Ce que tu étais est perdu, et ce que tu peux être, voudras-tu l’accepter ?




EUGÉNIE.

Être arraché à la ténébreuse puissance de la mort, jouir de cette bienfaisante lumière, être assuré de la vie : voilà ce que réclame avant tout,’ du sein de sa détresse profonde, celui qui touche à sa perte. Ce que l’on peut ensuite réparer, ce que l’on peut remplacer, ce qu’il faut abandonner, on l’apprend de jour en jour.

LE CONSEILLER.

Et, après la vie, que demandes-tu encore ?

EUGÉNIE.

Le sol bien-aimé de la patrie.

LE CONSEILLER.

Tu demandes beaucoup en un seul et grand mot !

EUGÉNIE.

Un seul mot renferme tout mon bonheur.

LE CONSEILLER.

Ce bannissement magique, qui osera le conjurer ?

EUGÉNIE.

La résistance magique de la vertu en triomphera certainement.

LE CONSEILLER.

Il est difficile de résister au pouvoir suprême.

EUGÉNIE.

Le pouvoir suprême n’est pas tout-puissant. Assurément, la connaissance de ces formes, également obligatoires pour les grands et pour les petits, t’offre un moyen. Tu souris ! Est-ce possible ? Le moyen est-il trouvé ? Parle !

LE CONSEILLER.

Où serait l’avantage, aimable étrangère, si je te parlais de possibilités ? Presque tout semble possible à nos vœux : mais