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moi, et ouvre à l’instant !

EUGÉNIE.

Fâcheuse interruption ! Je ne puis ouvrir.

LA GOUVERNANTE.

Un message de ton père.

EUGÉNIE.

Comment ? De mon père ! A l’instant. (A part.) Il faut ouvrir.

LA GOUVERNANTE.

Je crois qu’il t’envoie de beaux présents.

EUGÉNIE.

J’y vais.

LA GOUVERNANTE,

Entends-tu ?

EUGÉNIE.

J’y vais ! (A part.) Mais où cacherai-je cette feuille ? Elle parle trop clairement, cette espérance <|ui me ravit. Ici rien pour enfermer ! Et, chez moi, il n’est rien de sûr nulle part…. eette poche à peine ; car mes domestiques ne sont pas tous fidèles. On m’a déjà feuilleté et détourné bien des choses pendant mon sommeil. Ce secret, le plus grand que j’aie jamais gardé, où donc, où le cacher ? (Elle s’approche du mur.) Bien ! c’était ici, armoire secrète de la muraille, que tu cachais les innocents mystères de mon enfance ? Toi que me fit découvrir mon infatigable activité, qui observait tout d’un regard enfantin, et naissait du loisir et de la curiosité ; toi, qui es ignorée de tout le monde, ouvre-toi ! (Elle presse un ressort caché et une petite porte-s’ouvre.) Comme je déposais autrefois dans ta cachette des sucreries défendues, pour les manger furtivement : inquiète et charmée, je te confie aujourd’hui, pour un peu de temps, le bonheur de ma vie. (Elle dépose les tablettes dans l’armoire et la ferme.) Les jours avancent, et, avec de nouveaux pressentiments, s’approchent désormais la joie et la douleur. (Elle ouvre la porte.) SCÈNE V.




EUGÉNIE, LA GOUVERNANTE.