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le plus doux. Si tu ne veux pas concourir à ce dessein, si tu songes à t’y opposer secrètement, et si, d’une manière quelconque, tu oses, à bonne intention, trahir ce que je t’ai confié : tu la verras.moi te dans tes bras. Il m’en coûtera des pleurs à moi-même, mais il faut que cela soit ainsi. (Il sort.)




SCÈNE II.

LA GOUVERNANTE, seule.

Cette audacieuse menace ne me surprend point. Dès longtemps je vois couver ce feu, et il éclatera bientôt en flammes ardentes. Pour te sauver, chère enfant, il faut que je t’arrache à ton beau rêve du matin. Une seule espérance adoucit ma douleur ; mais elle disparaît au moment où je la saisis. Eugénie !… si tu pouvais renoncer à la haute fortune, qui semble infinie, sur le seuil de laquelle tu rencontres le danger et la mort, et, comme un sort plus doux, le bannissement ! Oh ! si j’osais t’éclairer ! si j’osais te découvrir les secrets repaires où te guette perfidement la troupe de tes persécuteurs conjurés ! Hélas ! je dois me taire. Je ne puis que faire entrevoir le danger par mes avis. Dans l’ivresse de ta joie, sauras-tu me comprendre ?

SCÈNE III.

EUGÉNIE, LA GOUVERNANTE.

EUGÉNIE.

Je te salue, amie, de mon cœur, que j’aime comme une mère. Je te salue.

LA GOUVERNANTE.

Je te presse avec délice sur mon sein, chère enfant, et je me réjouis de la joie que ta vive jeunesse épanche à flots abondants. Que ton œil brille d’un pur éclat ! Quel ravissement voltige autour de ta bouche et de tes joues ! Quel bonheur déborde de ton sein agité !

EUGÉNIE.

Un grave accident m’était arrivé : le cheval et l’écuyère s’étaient précipités d’un rocher.




LA GOUVERNANTE.

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