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manière inexprimable, en m’assurant à jamais de mon bonheur.




LA MARQUISE.

Et lorsque le voile de ce secret tombera, lorsque, avec tout l’éclat de votre première fortune, et même dans une situation bien plus belle encore, vous paraîtrez aux yeux des hommes, à côté d’un prince qui vous reconnaît de nouveau, d’une princesse qui ne vous a pas méconnu, combien cette nouvelle, cette éclatante fortune n’éblouira-t-elle pas les yeux de l’envie ! et avec quelle joie vous verrai-je à la place que vous méritez si bien !…

LE CHANOINE.

Et avec quelle reconnaissance récompenserai-je une amie à qui je dois tout !

LA MARQUISE.,

Ne parlez pas de cela. Qui peut vous connaître, et n’être pas aussitôt vivement entraîné vers Yous ? Qui ne désire vous servir, même avec dévouement ?

LE CHANOINE.

Écoutez ! une voiture est arrivée. Qu’est cela ?

LA MARQUISE.

Soyez tranquille, elle passe plus loin. Les portes, les volets sont fermés ; j’ai fait couvrir les fenêtres avec le plus grand soin, afin que personne ne puisse remarquer la clarté d’une lumière. Nul ne croira qu’il y ait une société dans cette maison.

LE CHANOINE.

Quel bruit ! quel vacarme ! (Entre un Domestique.)

AE DOMESTIQUE.

Une voiture vient d’arriver. On frappe à la porte, comme si on voulait l’enfoncer. J’entends la voix du comte ; il menace et veut entrer.

LA MARQUISE.

La porte est-elle fermée aux verrous ?… Ne lui ouvrez pas ! ne remuez pas ! ne répondez pas ! Lorsqu’il aura assez tempêté, il s’en ira.

LE CHANOINE.

"Vous ne songez pas à qui nous avons affaire…. Ouvrez-lui ! Nous résistons en vain.