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LE ROI.

Relevez-vous donc et placez-vous auprès de moi, dans le chœur des fidèles qui défendent à mes côtés la justice, la permanence ! Ah ! ce temps offre des signes terribles. Les inférieurs s’élèvent, les grands s’abaissent, comme si chacun ne pouvait trouver qu’à la place de l’autre l’accomplissement de ses vœux égarés ; ne se sentait heureux, que si toute distinction était effacée ; si fous, emportés péle-mêle dans un même courant, nous nous perdions dans l’Océan sans laisser de traces. Oh ! sachons résister, et, ce qui peut nous conserver, nous et notre peuple, que nos forces doublées et de nouveau réunies sachent le maintenir avec courage ! Oublions enfin l’ancienne discorde, qui excite les grands contre les grands, et perce par dedans le navire, qui ne se peut sauver qu’en opposant aux vagues ennemies un rempart bien fermé.

EUGÉNIE.

Quel nouvel et bienfaisant éclat m’environne et m’anime, au lieu de m’éblouir ! Comment ? Notre roi nous estime assez pour avouer qu’il a besoin de nous ? Nous ne sommes pas seulement ses parents ; par sa confiance, nous sommes élevés à la plus haute place ; et, quand les nobles de son royaume se pressent autour de lui pour couvrir sa poitrine, il nous appelle à un service plus important. Conserver les cœurs au monarque est le premier devoir de tous les gens de bien ; car, si le prince chancelle, la chose publique chancelle également, et, s’il tombe, tout s’écroule avec lui. La jeunesse, dit-on, présume trop de sa force, de sa volonté : mais cette force, cette volonté, ce qu’elles peuvent t’appartient à jamais.

LE DUC.

La confiance de cette enfant, auguste prince, tu sais l’apprécier, tu sais la pardonner. Et, si le père, l’homme expérimenté, sent et apprécie, dans toute sa valeur, la faveur de ce jour, son espoir le plus cher, tu es assuré de sa pleine reconnaissance.

LE ROI.

Nous nous, reverrons bientôt à cette fête, où mes fidèles célébreront l’heure qui m’a donné la lumière. C’est ce jour-là, noble enfant, que je te donnerai au grand monde, à la cour, à ton père et à moi. Que ta destinée brille auprès du trône ! Mais jusque-là