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LE DUC.

Qu’est-ce que j’attends ? Si elle est morte, il ne me reste rien qui puisse m’attacher encore à la vie. (Il s’éloigne.)

SCÈNE III.

LE ROI, LE COMTE.

LE ROI.

Sais-tu la cause de l’accident ?

LE COMTE. ’

Il s’est passé sous mes yeux. Une troupe nombreuse de cavaliers, qui s’étaient vus par hasard séparés de la chasse, conduits par cette belle, se sont montrés sur le haut de ces roches boisées. Ils entendent, ils voient eii bas, dans le vallon, lâchasse terminée ; ils voient le cerf livré en pâture à la meute bruyante. Aussitôt la troupe se disperse, et chacun se cherche à part un sentier, ici ou là, par un détour plus ou moins long. Elle seule n’hésite pas un moment, et oblige son cheval de courir droit à nous, de rocher en rocher. Nous observons avec étonnement le bonheur de cette action téméraire, car elle lui réussit quelques moments, mais enfin, vers le bas, le long de la pente escarpée, les étroites saillies du rocher finissent par échapper au cheval : il se précipite ; elle avec lui. C’est tout ce que j’ai pu observer, avant que la foule me l’ait dérobée. Mais bientôt j’ai entendu appeler ton médecin. C’est alors que je suis accouru, sur ton signal, pour t’apprendre l’accident.

LE ROI.

Oh ! puisse-t-elle lui rester ! Il est redoutable, l’homme qui n’a rien à perdre.

LE COMTE.

L’effroi lui a donc arraché soudain le secret qu’il s’efforçait jusqu’ici de .cacher avec tant de soin ?

LE ROI.

Il m’avait déjà tout confié.

LE COMTE.

La mort de la princesse lui ouvre la bouche, pour avouer maintenant ce qui était depuis longtemps pour la cour et la