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tonio t’a offensé, il devra, de quelque manière, te donner satisfaction, comme tu le demanderas. Il me serait agréable que vous me choisissiez pour arbitre. Cependant, ô Tasse, ta faute mérite la prison. Comme je t’excuse, j’adoucis la loi en ta faveur. Laisse-nous ; reste dans ta chambre, seul et sans autre garde que toi-même.

Le Tasse.

Est-ce là, ô prince, ta sentence ?

Antonio.

Ne reconnais-tu pas la douceur d’un père ?

Le Tasse, à Antonio.

Je n’ai plus, pour le moment, à parler avec toi. (À Alphonse :) Ô prince, ta parole sévère me condamne, moi, homme libre, à la captivité. Soit ! Tu le crois juste. Respectant ton ordre sacré, j’impose à mon cœur le plus profond silence. Ceci est nouveau pour moi, si nouveau, que je reconnais à peine et mon prince et moi-même et ce beau lieu. Mais cet homme, je le connais bien !… Je veux obéir, quand même je pourrais dire et devrais dire ici bien des choses encore. Mes lèvres restent muettes. Était-ce un crime ? Il paraît du moins que je suis considéré comme un criminel, et, quoi que mon cœur me dise, je suis prisonnier.

Alphonse.

Ô Tasse, tu prends la chose plus sérieusement que moi-même.

Le Tasse.

Elle reste incompréhensible pour moi… Non pas incompréhensible !… Je ne suis pas un enfant ; je crois même que j’aurais pu me la figurer. Tout à coup une clarté me luit, mais elle disparaît aussitôt. Je n’entends que mon arrêt : je m’incline. Voilà déjà trop de paroles inutiles ! Accoutume-toi désormais à obéir, chétive créature ! Tu oubliais en quel lieu tu te trouves. Le palais des dieux te semblait au niveau de la terre, et une chute rapide t’entraîne. Obéis de bon cœur, car il sied à l’homme de faire sans répugnance, même une chose pénible. (À Alphonse :) Reçois d’abord l’épée que tu me donnas quand je suivis le cardinal en France. Je l’ai portée sans gloire, mais sans honte, même aujourd’hui. Ce don, plein d’espérance, je m’en dépouille, avec un cœur profondément ému.