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ÉPIMÉTHÉE.

Qu’elle me tendit si souvent, pour la joie de mon cœur.

PROMÉTHÉE.

Et cette main égalait-elle en industrieuse adresse la main de Minerve ?

ÉPIMÉTHÉE.

Je ne sais, je n’ai connu d’elle que ses caresses.

PROMÉTHÉE.

Son vêtement de dessus révélait le métier de Minerve.

ÉPIMÉTHÉE.

Comme il flottait sur sa trace en ondes brillantes !

PROMÉTHÉE.

Le bord éblouissait, en la captivant, la vue même la plus perçante.

ÉPIMÉTHÉE.

Elle entraînait le monde sur ses pas.

PROMÉTHÉE.

C’étaient de larges fleurs, chacune pareille à une corne d’abondance.

ÉPIMÉTHÉE.

Des riches calices s’élançaient maintes bêtes sauvages.

PROMÉTHÉE.

Le chevreuil bondissait pour fuir, le lion pour le suivre.

ÉPIMÉTHÉE.

À qui regardait la bordure, le pied se montrait, dans sa marche, mobile comme la main, répondant à la pression de l’amour.

PROMÉTHÉE.

Ici l’artiste infatigable redoubla les ornements : des sandales souples, dorées, qui rendaient la marche plus légère.

ÉPIMÉTHÉE.

Elles avaient des ailes ! Pandore touchait à peine la terre.

PROMÉTHÉE.

Des courroies d’or articulées les attachaient avec des lacets.

ÉPIMÉTHÉE.

Oh ! ne me rappelle pas cette magnifique parure ! Je ne savais plus que donner à celle qui avait reçu tous les dons. La plus belle des femmes, la plus richement parée, était à moi ! Je me