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PHILÉROS, derrière Épiméthée, en se tournant vers la droite.

Si mon arme s’égare, il n’importe, en s’égarant elle frappera ! (Il blesse Épimélie au cou.)

ÉPIMÉLIE.

Ah ! ah ! Malheur ! malheur à moi !

ÉPIMÉTHÉE, le repoussant.

Malheur à nous ! malheur ! violence !

PHILÉROS.

Ce n’est qu’une égratignure ! Je vais ouvrir à son âme de plus larges portes.

ÉPIMÉLIE.

Ô douleur ! douleur !

ÉPIMÉTHÉE, défendant sa fille.

Malheur à nous ! Au secours !… Malheur ! malheur !

PROMÉTHÉE, accourant.

Quel cri de meurtre éclate dans ce séjour tranquille ?

ÉPIMÉTHÉE.

Au secours, frère ! Homme fort, hâte-toi d’accourir !

ÉPIMÉLIE.

Presse tes pas ! Ici, sauveur !

PHILÉROS.

Achève, ô mon bras, et vienne ensuite, avec ignominie, la délivrance au pied boiteux !

PROMÉTHÉE, se plaçant entre eux.

Arrière, misérable ! Arrière, furieux ! Est-ce toi, Philéros ? Cœur indomptable, cette fois, je te tiens. (Il le saisit.)

PHILÉROS.

Laisse-moi, mon père ! Je respecte ta présence.

PROMÉTHÉE.

Un bon fils respecte l’absence de son père. Je te tiens… À l’étreinte de ma forte main, tu sentiras comme d’abord le crime s’empare de l’homme, et comme un sage pouvoir saisit aussitôt le criminel ! Ici, assassiner ?… Des gens sans armes ?… Cours au pillage et à la guerre ! Va où la violence fait la loi ! Car, dans les lieux où la loi, où la volonté paternelle s’est assuré le pouvoir, tu n’es pas à ta place. N’as-tu pas vu ces chaînes, ces chaînes d’airain, forgées pour les cornes du taureau sauvage, mais plus encore pour les rebelles d’entre le