TROISIÈME BERGER, à un forgeron.
Qui veut être berger |
Retirez-vous paisiblement… vous ne trouverez point la paix ; car tel est le sort des hommes, comme celui des animaux, sur le modèle desquels je me traçai une œuvre plus parfaite, que, seuls ou réunis en troupes, l’un s’oppose à l’autre ; la haine les met aux prises, jusqu’à ce que l’un fasse sentir à l’autre sa supériorité. C’est pourquoi tenez-vous fermes, vous, enfants d’un même père ! Lequel tombe, lequel reste debout ? C’est ce qui doit peu l’inquiéter. Dans ses foyers repose une tribu puissante, qui sans cesse porte ses vues au loin et de toutes parts autour d’elle ; elle est à l’étroit dans ses demeures, où les uns sont pressés contre les autres ; maintenant elle se met en marche et refoule tout le monde. Qu’il soit béni le moment du départ tumultueux ! C’est pourquoi, forgerons, amis, ne fabriquez plus que des armes, laissant les autres choses, que l’ingénieux cultivateur, que le pêcheur pourrait, sans cela, vous demander aujourd’hui… Ne forgez que des armes !… Alors vous aurez tout produit, jusqu’à la suprême jouissance de mes plus durs enfants. À vous maintenant, qui travaillez péniblement pendant les heures sombres, à vous un repas qui vous délasse ! En effet, qui a travaillé la nuit doit repaître, quand les autres sortent le matin pour le travail. (Il s’approche d’Épiméthée endormi.) Mais