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porte-t-elle déjà elle-même des sentiments plus doux, si elle a appris ce que des hommes, qui sont trop durement opprimés, peuvent et doivent faire enfin pour défendre leurs droits.

MARTIN.

Adieu, compère ! adieu ! Au coup de six heures, je serai à la fontaine des Seigneurs.

ALBERT.

Vous êtes un brave homme ! Adieu !

BRÊME.

Je célébrerai vos louanges, si la chose réussit.

MARTIN.

Nous ne savons comment vous remercier.

BRÊME, avec dignité.

Vous aurez assez d’occasions de m’obliger. Par exemple, le petit capital de deux cents écus, que je dois à l’église, vous pourrez bien me le remettre.

MARTIN.

Nous n’y aurons pas regret.

ALBERT.

Notre commune est riche et fera aussi volontiers quelque chose pour vous.

BRÊME.

Cela se trouvera. Ce joli terrain, qui appartient à la commune, et que le justicier a fait clore de haies et cultiver en jardin, vous en reprendrez possession et me le céderez.

ALBERT.

Nous n’y regarderons pas : nous en sommes déjà consolés.

PIERRE.

Nous ne resterons pas non plus en arrière.

BRÊME.

Vous avez vous-même un beau bien et un joli garçon : je pourrais lui donner ma fille. Je ne suis pas fier, croyez-moi, je ne suis pas fier : j’appellerai volontiers votre fils mon gendre.

PIERRE.

La petite demoiselle est assez jolie, mais elle est élevée un peu trop noblement.