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BRÊME.

C’est justement parce qu’il n’est rien venu, et parce que, s’il était venu quelque chose, cela n’aurait pas grande importance, que j’ai voulu vous faire part de mes idées. En effet, vous savez bien que je m’intéresse aux affaires de tous, mais non publiquement, du moins jusqu’ici, car il ne faut pas que je me brouille tout à fait avec la seigneurie.

PIERRE.

Oui, nous ne voudrions pas non plus nous brouiller avec elle, si elle agissait seulement d’une manière un peu supportable.

BRÊME.

Je voulais vous dire… Si seulement Jacques était là, afin que nous fussions tous réunis, et que je n’eusse rien à répéter et que nous fussions d’accord !…

ALBERT.

Jacques ? Il vaut presque mieux qu’il n’y soit pas. Je ne me fie guère à lui : il a le franc-alleu, et, quoiqu’il ait pour les cens le même intérêt que nous, la route ne le regarde pas, et, dans tout le procès, il s’est montré beaucoup trop nonchalant.

BRÊME.

À la bonne heure. Asseyez-vous et écoutez-moi. (Ils s’asseyent.)

MARTIN.

Je suis bien curieux d’entendre.

BRÊME.

Vous savez que, depuis quarante ans, les communes ont avec la seigneurie un procès, qui, par de longs détours, est enfin arrivé à Wetzlar, et qu’il ne peut trouver le chemin pour en revenir. Le seigneur réclame des corvées et d’autres services, que vous refusez, et que vous refusez à bon droit, car il a été conclu un compromis avec le grand-père de notre jeune comte (Dieu le garde !), qui s’est fait cette nuit, en tombant, une terrible bosse.

MARTIN.

Une bosse ?

PIERRE.

Cette nuit même ?

ALBERT.

Comment cela est-il arrivé ?

MARTIN.

Pauvre cher enfant !