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LE BARON.

M’aimes-tu ?

CAROLINE.

Encore une fois, laissez-moi ! Demain matin…

LE BARON.

Je dormirai profondément.

CAROLINE.

Je vous dirai…

LE BARON.

Je n’entendrai rien.

CAROLINE.

Eh bien, laissez-moi.

LE BARON, s’éloignant.

Oh ! je suis fâché d’être venu.

CAROLINE, seule, après avoir fait un mouvement, comme pour retenir le baron.

Il s’en va : je dois le renvoyer ; je n’ose le retenir. Je l’aime et je dois l’écarter. J’ai été imprudente et je suis malheureuse. Elles sont évanouies mes espérances de cette belle matinée ; ils sont bien loin les songes dorés dont j’osai me nourrir. Oh ! qu’il faut peu de temps pour changer notre sort.



Scène IV.

CAROLINE, BRÊME.
CAROLINE.

Cher père, comment va-t-il ? Que fait le jeune comte ?

BRÊME.

C’est une forte contusion ; mais j’espère que la lésion ne sera pas dangereuse. Je ferai une excellente cure, et, à l’avenir, chaque fois que M. le comte se regardera au miroir, en voyant la cicatrice, il se souviendra de son habile chirurgien, son Brême de Bremenfeld.

CAROLINE.

Pauvre comtesse ! si seulement elle n’arrivait pas dès demain !

BRÊME.

Tant mieux ! Si elle voit de ses yeux le mauvais état du ma-