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française fait de bien ou de mal, je n’en puis juger : je sais seulement qu’elle me rapporte cet hiver quelques paires de bas de plus. Les heures, qu’il faut que je veille et attende le retour de M. Brême à la maison, je les aurais passées à dormir, comme maintenant à tricoter, et lui, il les passe à bavarder, comme il les passait à dormir.

CAROLINE, en rêvant.

Non, non… mon père.

LOUISE, s’approchant du fauteuil.

Qu’y a-t-il, chère cousine ?… Elle ne répond pas !… Que peut-elle avoir, cette bonne enfant ? Elle est inquiète et silencieuse ; la nuit, elle ne dort pas, et maintenant, qu’elle s’est assoupie de fatigue, elle parle en rêve. Mes soupçons seraient-ils fondés ? Le baron aurait-il fait sur elle, dans ce peu de jours, une impression si vive et si forte ? (À l’avant-scène.) Cela te surprend, Louise, et n’as-tu pas appris toi-même comme l’amour agit, comme il est prompt, comme il est fort !



Scène II.

LES PRÉCÉDENTS, GEORGE.
GEORGE, vivement, avec angoisse.

Chère demoiselle, donnez-moi vite, vite…

LOUISE.

Quoi donc, George ?

GEORGE.

Donnez-moi la bouteille…

LOUISE.

Quelle bouteille ?

GEORGE.

Monsieur votre oncle m’a dit que vous deviez me donner vite la bouteille… Elle est dans la chambre, en haut, sur la tablette à main droite.

LOUISE.

Il y en a plusieurs : que doit-elle contenir ?

GEORGE.

De l’esprit.