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montagne. À présent, mon général peut sortir de l’embuscade. C’est curieux pourtant qu’aujourd’hui ce soient toujours les plus méchants qui s’élèvent. C’est ce qu’on lit dans toutes les gazettes. Celui qui est là-haut ne vaut rien du tout, et il parvient à de tels honneurs ! Qui sait ce qui en arrivera ? Les temps sont dangereux ; on ne sait plus du tout qui l’on a autour de soi. À tout hasard, je veux le flatter : il pourra me servir à son tour… Mon général !

Schnaps, à la porte du grenier, d’où il tombe du foin.

Est-il parti ?

Martin.

Il est déjà bien loin.

Schnaps, couvert de foin.

Je descends.

Martin.

Vous semblez tout en désordre, général Schnaps.

Schnaps, se nettoyant sur l’échelle.

En campagne, ce n’est pas autrement : on ne peut toujours se tenir propret.

Martin.

Descendez toujours.

Schnaps.

Est-il vraiment parti ?

Martin.

Il est déjà bien loin. Il craignait que, dans l’intervalle, vous ne vous fussiez insinué auprès de Rose, et il a couru, comme s’il avait le feu sur les talons.

Schnaps, descendant.

À merveille ! Maintenant, fermez la porte de la maison.

Martin.

Cela semblera suspect.

Schnaps.

Suspect vaut mieux que surpris. Fermez, père Martin. En deux mots, je vous dirai tout.

Martin, allant fermer la porte.

À la bonne heure.

Schnaps.

Si quelqu’un frappe, je plie bagage et me dérobe par la porte de derrière, et vous ferez ce qu’il vous plaira.