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LE COMMANDANT.

Comment ?

LE COMTE.

Par des miracles.

LE COMMANDANT.

Répétez-en un ou deux ; appelez vos génies ; faites-vous délivrer.

Le Comte :

Je ne vous estime pas assez pour faire paraître devant vous ma puissance.

LE COMMANDANT.

C’est penser noblement ! Dans ce cas, soumettez-vous à l’ordre.

LE COMTE.

Je le fais, pour montrer ma longanimité ; mais bientôt je me manifesterai. Je communiquerai à votre prince de tels secrets, qu’il ordonnera que je sois ramené en triomphe, et vous précéderez à cheval la voiture dans laquelle le grand cophte reviendra glorifié.

LE COMMANDANT.

Nous verrons tout cela ; mais aujourd’hui il m’est impossible de vous accompagner. (Aux Suisses.) Qu’on les emmène.

UN SUISSE.

Allons ! C’est l’ordre du commandant, et, si vous ne marchez pas, vous sentirez nos hallebardes.

LE COMTE.

Misérables, vous me présenterez bientôt les armes.

Les Suisses, le frappant. Veux-tu avoir le dernier mot ? (Les Suisses sortent avec le Comte, le Marquis et la Marquise.)

Le Commandant, ô la Nièce. Et vous, cette nuit même, vous serez conduite dans un couvent de femmes, qui n’est pas à un quart de lieue d’ici. Si vous êtes sérieusement décidée à vous séparer du monde, vous en trouverez l’occasion.

LA NIÈCE.

C’est ma ferme résolution. Je n’ai plus d’espoir dans ce monde. (Au Chevalier.) Mais je dois vous dire encore que j’emporte avec moi dans la solitude ma première, ma vive inclination…. pour vous,