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Même la tromperie, comme vous l’avez vu aujourd’hui.

LA MARQUISE.

Qui tiendra ce langage ? (Arrangeant quelque chose à la toilette de sa Nièce.) Là ! Ceci doit être plus juste à la taille, et ce pli doit tomber plus richement. La voiture -viendra bientôt, et nous irons aujourd’hui même à la campagne.

LA NIÈCE.

Aujourd’hui même ?

LA MARQUISE.

Oui, et vous avez aujourd’hui même un nouveau rôle à jouer.

LA NIÈCE.

Un nouveau rôle ? Vous êtes impitoyable, ma tante. Le premier m’a déjà coûté tant de peine, que vous devriez m’épargner le second.

LA MARQUISE.

C’est précisément à cause de cela, mon enfant. Encore celuici, et puis le troisième et le quatrième, et cela ne vous coûtera plus de peine.

LA NIÈCE.

Je crains que vous ne me trouviez pas de moitié aussi habile que vous le croyez.

LA MARQUISE.

Il s’agit d’un essai. Cette nuit, vous aurez un très-petit rôle à remplir.

LA NIÈCE.

Sous cet habit magnifique ?

LA MARQUISE.

Je veux dire pour le fond. Vous avez à représenter une amante à moitié muette.

LA NIÈCE.

Comment l’entendez-vous ?

LA MARQUISE.

Je vous mène dans un jardin ; je vous conduis sous une treille ; je vous donne une rose, et vous attendez un instant. Un cavalier vient à vous ; il se jette à vos pieds ; il vous demande pardon ; vous laissez échapper un mot insaisissable : » Monsieur !… » ou ce que vous voudrez…. Il continue à demander pardon : « Le

GŒTHE. — TÔ. H 7