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que vous ne l’êtes ? Qu’avez-vous à me demander ?... Quelle sera la fin de ces réflexions ?... Ici et ici !... D’une extrémité à l’autre ! Méditer et méditer encore ! Et toujours plus douloureux ! toujours plus horrible ! (Il se prend le front.) Où cela aboutira-t-il enfin ? Rien devant soi, rien derrière ! Ni conseils, ni secours nulle part !... Et ces deux, ces trois femmes, les meilleures de la terre.... malheureuses par moi !... malheureuses sans moi !... hélas ! encore plus malheureuses avec moi !... Si je pouvais me plaindre, si je pouvais me désespérer, si je pouvais demander pardon.... si je pouvais seulement passer une heure dans une vague espérance.... me prosterner à leurs pieds et goûter la douceur de partager leur souffrance !... Où sont-elles ? Stella, tu es prosternée, la face contre terre ; mourante, tu regardes le ciel, et tu lui dis en gémissant : « Quel crime ai-je commis, jeune fleur, pour que ta colère m’écrase ainsi ? Quel crime avais-je commis, pauvre infortunée, pour que tu m’aies amené ce méchant homme ?... » Cécile ! ma femme ! ô ma femme !... Malheur ! malheur ! affreux malheur !... Quelles félicités se réunissent pour me rendre misérable ! Époux ! père ! amant !... Les meilleures, les plus nobles femmes !... A toi !... A toi !... Peux-tu l’embrasser cette inexprimable, cette triple félicité ? Et c’est elle justement qui te saisit, qui te déchire.... Chacune me réclame tout entier.... Et moi ?... Point d’issue !... un abîme !... insondable !... Elle sera malheureuse !... Stella, tu es malheureuse ! Que t’ai-je ravi ? Le sentiment de toi-même, ta jeune vie !... Stella !... Et je suis si froid ! (// tire un pistolet de sa poche.) Mais en tout cas.... (// le cliaryc. Entre Cécile.)



CÉCILE.

Mon ami ! Comment allons-nous ?... (Elle voit les pistolets.) 11 semble qu’on est prêt à partir. (Fernand pose les pistolets sur la table.) Mon ami ! Tu me parais plus tranquille : peut-on te dire un mot ?

FERNAND.

Que veux-tu, Cécile ? Que veux-tu, ma femme ?

CÉCILE.

Ne m’appelle pas ainsi jusqu’à ce que j’aie fini de parler. Nous sommes à présent dans une grande perplexité : ne pourrions-