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MADAME SOMMER.

Vous sentez, madame, ce que je vous présente et vous abandonne.

STELLA, après vne pause, pendant laquelle elle a observé Mme Sommer. Pardonnez-moi ! On m’a conté votre histoire ; je sais que j’ai devant moi des personnes de bonne famille, mais votre présence m’étonne : je sens pour vous, au premier coup d’œil, confiance et respect.

MADAME SOMMER.

Madame....

STELLA.

N’en parlons pas. Ce que mon cœur avoue, ma bouche le déclare volontiers. J’apprends que vous n’êtes pas bien : qu’avez-vous donc ? Asseyez-vous,

MADAME SOMMER.

Laissez, madame ! Ce voyage, dans lés jouVs du printemps, ces objets changeants et cet air pur et vivifiant, qui déjà si souvent s’est pénétré pour moi d’une fraîcheur nouvelle, tout a si bien, si doucement agi sur moi, que lé souvenir même des joies évanouies devenait pour moi un sentiment agréable, et que je voyais poindre dans mon âme un reflet des beaux temps de la jeunesse et de l’amour.

STELLA.

Oui, le temps, le premier temps de l’amour !... Non, tu n’es pas retourné au ciel, âge d’or ! Tu environnes encore tous les cœurs, dans les moments où s’épanouit la fleur de l’amour. Madame Sommer, lui prenant les mains., .

Quelle noblesse ! quel charme !

STELLA.

Votre visage brille comme le visage d’un ange. Vos joues se colorent !

MADAME Sommer.

Et mon cœur !... Ah ! comme il s’élève, comme il se dilate devant vous !

STELLA.

Vous avez aimé ! Ah ! j’en rends grâce à Dieu ! Une âme qui me comprend, qui peut avoir pitié de moi, qui n’observera pas