en silence le cours de l’eau ! Son murmure est pour moi une mélodie, une mélodie pleine de souvenirs. Et elle ? Elle sera comme elle était. Oui, Stella, tu n’as point changé : mon cœur me le dit. Comme il s’élance au-devant de toi ! Mais je ne veux pas, je n’ose pas ! Il faut d’abord me remettre, d’abord me persuader que je suis vraiment ici ; que je ne suis pas abusé par un de ces songes qui, si souvent, m’ont conduit ici, dormant ou éveillé, des pays les plus lointains. Stella ! Stella ! Je viens ! Ne sens-tu pas mon approche ? Je viens dans tes bras pour tout oublier.-... Et, si tu planes autour de moi, chère ombre de ma femme infortunée, pardonne-moi, laisse-moi ! Tu n’es plus : laisse-moi donc t’oublier, oublier tout dans les bras de cet ange, mes destinées, toutes mes pertes, mes douleurs et mon repentir.... Je suis si près et si loin d’elle ! Et, dans un moment.... Je ne puis ! Je ne puis !... Il faut me remettre, ou je suffoque à ses pieds.
LA MAÎTRESSE DE- POSTE.
Monsieur veut-il dîner ?
FERNAND.
Avez-vous un dîner prêt ?
LA MAÎTRESSE DE POSTE.
Oh ! oui. Nous attendons une demoiselle, qui est de l’autre côté, chez madame.
FERNAND.
Comment se porte votre dame ?
LA MAÎTRESSE DE POSTE.
La connaissez-vous ?
FERNAND.
Autrefois j’allais de temps en temps chez elle. Que fait son mari ?
LA MAÎTRESSE DE POSTE.
Dieu le sait ! 11 court le monde.
FERNAND.
Loin ?
LA MAÎTRESSE DE POSTE.
Sans doute ! Il abandonne cette chère âme. Dieu veuille le lui pardonner !
FERNAND.
Elle saura bien se consoler.
LA MAÎTRESSE DE POSTE.
Vous