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CLAVIJO.

« Jamais, jamais. »

Beaumarchais, se levant.

« Et pourquoi, monstre que tu es, avais-tu la barbarie de « traîner à la mort cette jeune fille ? Uniquement parce que son « cœur te préférait à dix autres, tous plus honnêtes et plus « riches que toi. »

CLAVIJO.

« Ah ! monsieur, si vous saviez quelles instigations !… comme

  • les donneurs de consefls, les circonstances !… »

BEAUMARCHAIS.

« Cela suffit. (A Saint-George.) Vous avez entendu la justifica« tion de ma sœur : allez la publier. Ce qui me reste à dire à « monsieur n’exige pas de témoins (Saint-George son. Ciavijo se « lève.)Restez ! Restez ! (Tous deux se rasseyent.) Puisque nous en « sommes venus là, je veux vous faire une proposition, et j’es« père que vous l’approuverez. Il convient à vos arrangements » comme aux miens, que vous n’épousiez pas Marie, et vous « sentez bien que je ne suis pas venu faire le personnage d’un’ « frère de comédie, qui veut dénouer le roman et procurer à sa « sœur un mari ; Vous avez outragé de sang-froid une femme « d’honneur, parce que vous, l’avez crue sans soutien et sans « vengeur en pays étranger : ce procédé est celui d’un malhon« nête homme et d’un lâehe. Vous allez donc commencer par « reconnaître de votre main, librement, toutes vos portes our« vertes, en présence de vos gens, que vous êtes un homme

  • abominable, qui avez trompé, trahi, outragé ma sœur sans « le moindre sujet ; et, avec cette déclaration, je pars pour « Aranjuez, où est notre ambassadeur ; je la montre, je la fais
  • imprimer, et après-demain la cour et la ville en sont inondées. « J’ai ici de puissants amis ; j’ai du temps et de l’argent, et j’em« ploierai tout cela à vous poursuivre de toute manière, impitoya« blement, jusqu’à ce que le ressentiment de ma sœur s’apaise, « qu’elle soit satisfaite et me dise elle-même de m’arrêter »

CLAVIJO.

« Je ne ferai pas cette déclaration. »

BEAUMARCHAIS.

« Je le crois, car peut-être, à votre place, ne la ferais-je pas «