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ne vous comprends pas.

MARGUERITE.

Vous allez me comprendre…. car, après ce début, il estime que sans troupes, sans une petite armée, je jouerai toujours ici un triste personnage. Nous avons eu tort, dit-il, de retirer, sur les plaintes des habitants, nos soldats des provinces. Il pense qu’une garnison, qui pèse sur les épaules des bourgeois, est un fardeau qui les empêche de faire de trop grands écarts.

MACHIAVEL.

Cela soulèverait les esprits au dernier point.

MARGUERITE.

Mais le roi estime, entends-tu ?… il estime qu’un bon général, un général qui n’entende aucune raison, pourrait bientôt venir à bout du peuple et de la noblesse, des bourgeois et des paysans ; et, en conséquence, il envoie avec une forte armée…. le duc d’Albe.

MACHIAVEL.

Albe ?

MARGUERITE.

Celat’étonne ?

MACHIAVEL.

Vous dites : «. Il envoie ; » il demande peut-être s’il doit envoyer ?

MARGUERITE.

Le roi né demande pas : il envoie.

MACHIAVEL. /’

Eh bien, vous aurez à votre service un guerrier expérimenté.

MARGUERITE.

A mon service ? Parle franchement, Machiavel.

MACHIAVEL.

Je voudrais ne pas anticiper sur vous.

MARGUERITE.

Et je voudrais dissimuler ! Cela m’est sensible, très-sensible. J’aimerais mieux que mon frère me dît ce qu’il pense, au lieu de signer des épîtres cérémonieuses, que rédige un secrétaire d’État.

MACHIAVEL.

Ne pourrait-on pénétrer ?…