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ACTE TROISIEME.

Le palais de la gouvernante.

MARGUERITE DE PARME.

J’aurais dû m’y attendre. Ah ! lorsqu’on passe sa vie dans la peine et le travail, on croit toujours faire tout ce qui est possible : et celui qui observe et commande de loin croit ne demander que ce qui se peut faire…. Oh ! les rois !… Je n’aurais jamais cru que cela pût m’affliger autant. Il est si beau de régner !… Et abdiquer ? Je ne sais comment mon père put s’y résoudre, mais je veux faire comme lui. (Hachiavel paraît dans le fond.) i

MARGUERITE.

Approchez, Machiavel. Je songe ici à la lettre de mon frère.

MACHIAVEL.

Puis-je savoir ce qu’elle contient ?

MARGUERITE.

Autant d’affectueuses attentions pour moi que de vigilance pour ses États. Il exalte la fermeté, le zèle et la fidélité avec lesquels j’ai veillé jusqu’à présent dans ces provinces pour les droits de Sa Majesté ; il me plaint de la peine que me donne ce peuple indomptable ; il est si pleinement convaincu de la profondeur de mes vues, la sagesse de ma conduite lui donne une satisfaction si extraordinaire, que, je dois presque le dire, la lettre est trop bien écrite pour un roi, et assurément pour un frère !

MACHIAVEL.

Ce n’est pas la première fois qu’il vous témoigne son juste contentement.

MARGUERITE.

Mais la première fois que c’est une figure de rhétorique.



MACHIAVEL.

Je