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menacer, pour l’avenir, de perspectives terribles, et à menacer…. de son départ.



ORANGE.

Ne croyez-vous pas cette fois qu’elle accomplira sa menace ?

EGMONT.

Jamais ! Combien de fois l’ai-je déjà vue prête à partir ! Où irait-elle ? Ici gouvernante, reine : crois-tu qu’elle se résigne à filer des jours insignifiants à la cour de son frère, ou à passer en Italie et à se traîner dans le cercle de sa vieille parenté ?

ORANGE. -•

On ne la croit pas capable de cette détermination, parce qu’on l’a vue hésiter, parce qu’on l’a vue reculer : cependant cela dépend d’elle seule. De nouvelles circonstances peuvent la pousser à cette résolution longtemps différée. Si elle partait, et si le roi envoyait quelqu’un d’autre ?… «

EGMONT.

Ëh bien, il viendrait, et trouverait aussi de quoi s’occuper. Il viendrait avec de vastes plans, des.projets et des pensées pour tout arranger, tout soumettre et tout contenir ; et il aurait à s’occuper aujourd’hui d’un détail, demain d’un autre ; aprèsdemain il rencontrerait quelque difficulté ; il passerait un mois à faire des projets, un autre à s’affliger de ses entreprises avortées, la moitié d’une année à veiller sur une seule province. Pour lui aussi le temps passera, la tête lui tournera, et les choses suivront leur premier cours ; si bien qu’au lieu de cingler sur de vastes.mers vers un point marqué, il pourra bénir Dieu, si, dans cette tempête, il sauve son navire de l’écueil.

ORANGE.

Mais si l’on conseillait au roi une tentative ?

EGMONT.

Oui serait ?

ORANGE.

De voir ce que pourrait entreprendre le tronc sans la tête.

EGMONT.

Comment ?

ORANGE.

Egmont, voici bien des années que je m’intéresse à toutes nos affaires ; je suis toujours comme devant un échiquier, et ne regarde