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ACTE QUATRIÈME.

Une auberge à Heilbronn.

GŒTZ.

Il me semble que je suis comme le malin esprit, que le capucin conjura et enferma dans un sac. Je me travaille et n’aboutis à rien. Les parjures ! (Entre Élisabeth.) Quelles nouvelles, Élisabeth, de mes fidèles amis ?

ÉLISABETH.

Rien de certain. Quelques-uns sont tués, quelques-uns sont enfermés dans la tour. Personne n’a pu ou n’a voulu m’en dire davantage.

GŒTZ.

Est-ce là le prix de la fidélité, de l’obéissance filiale ?… « Afin que tu sois heureux, et que tu vives longuement sur la terre ! »

ÉLISABETH.

Cher mari, ne blasphème pas contre notre Père céleste. Ils ont leur récompense ; elle était née avec eux : c’est un libre et noble cœur. Va, ils sont prisonniers, mais ils sont libres. Considère les conseillers délégués ! Ces grandes chaînes d’or vont à leurs figures…

GŒTZ.

Comme au pourceau le collier. Je voudrais bien voir George et Franz enfermés !

ÉLISABETH.

Ce serait un spectacle à faire pleurer les anges.

GŒTZ.

Je ne pleurerais pas : je grincerais les dents, et je rongerais mon frein. Dans les fers !… Les prunelles de mes yeux ! Chers jeunes gens, si vous ne m’aviez pas aimé !… Je ne pourrais me rassasier de les voir… Se parjurer au nom de l’empereur !