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SELBITZ.

Il faut nous partager. Je prendrai à main gauche et tournerai la colline.

GŒTZ.

Bien ! Et toi, Franz, mène-moi les cinquante, par la droite, à travers la forêt. Ils viennent par la bruyère ; je les recevrai de front. George, tu resteras avec moi. Et, quand vous verrez qu’ils m’attaquent, tombez aussitôt sur leurs flancs. Nous les attraperons. Ils ne croient pas que nous puissions leur faire tête. (Ils s’éloignent.)

Une bruyère : d’un côté une colline, de l’autre un bois.

LE CAPITAINE, LES TROUPES D’EXÉCUTION.
LE CAPITAINE.

Il tient dans la bruyère ! Voilà qui est impertinent. Il en sera puni. Quoi ! ne pas craindre le torrent qui se précipite sur lui ?

LE CHEVALIER.

Je ne voudrais pas vous voir à la tête de la troupe ; il a l’air de vouloir planter en terre, la tête en bas, le premier qui osera l’attaquer. Passez derrière.

LE CAPITAINE.

C’est à contre-cœur.

LE CHEVALIER.

Je vous en prie. Vous êtes encore le lien de ce faisceau de baguettes : si vous le détachez, il vous les brisera comme des roseaux.

LE CAPITAINE.

Sonne, trompette, et vous, sonnez sa déroute. (Ils s’éloignent.)

SELBITZ, accourant au galop, de derrière la colline.

Suivez-moi ! Qu’ils crient à leurs mains : Multipliez-vous ! (Il s’éloigne.)

LERSE, sortant du bois.

Au secours de Gœtz ! Il est presque enveloppé. Brave Selbitz, tu l’as déjà un peu dégagé. Nous sèmerons la bruyère de ces têtes de chardons. (Ils passent. Tumulte.)