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Forêt de Spessart.

BERLICHINGEN, SELBITZ, GEORGE, en cavalier.
GŒTZ.

Tu ne l’as pas trouvé, George ?

GEORGE.

Il était parti la veille pour Bamberg avec Liebetraut et deux serviteurs.

GŒTZ.

Je ne comprends pas où cela doit aboutir.

SELBITZ.

Moi, je le comprends : votre réconciliation a été un peu trop prompte pour être durable. Ce Liebetraut est un drôle rusé, par qui il s’est laissé enjôler.

GŒTZ.

Crois-tu qu’il viole notre alliance ?

SELBITZ.

Le premier pas est fait.

GŒTZ.

Je ne crois pas. Qui sait s’il n’était pas forcé d’aller à la cour ! On lui doit encore de l’argent. Espérons pour le mieux.

SELBITZ.

Plût à Dieu qu’il le méritât et qu’il agît pour le mieux !

GŒTZ.

J’imagine une ruse : nous habillerons George de la dépouille du cavalier bambergeois, et nous lui ferons prendre son sauf-conduit ; il ira jusqu’à Bamberg et verra ce qui se passe.

GEORGE.

Voilà ce que j’ai longtemps espéré !

GŒTZ.

C’est ta première course. Sois prudent, mon garçon : je serais fâché qu’il t’arrivât malheur.

GEORGE.

Laissez seulement ! Je ne serai pas embarrassé, quand même toute une troupe fourmillerait autour de moi ; je m’en inquiète comme si c’étaient des rats et des souris. (Ils sortent.)